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La mort de la culture Française

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La mort de la culture Française

Bien d?accord avec vous Michel,

Moi aussi je fais figure d?extra-terrestre lorsque je dis à mes relations ou collègues de travail que je ne m?intéresse plus à toute cette merde. Je ne lis plus les journaux qu?épisodiquement, je ne regarde jamais la TV sinon des films que j?ai choisis ou des programmes pré-enregistrés. Vie politique et actualité me sont devenues étrangères.

Pour ce qui concerne l?attitude de votre fils, juste deux commentaires, l?un plutôt pessimiste -si l?on peut dire- l?autre pouvant j?espère être réconfortant.

En ce qui me concerne, je dois tout à mon père. C?est lui qui m?a fait découvrir très jeune la littérature (Gracq, Proust, Zola, Cendrars et combien d?autres encore), le jazz (Miles, Rollins, Parker, Baker, Art Pepper, etc.) et m?a donné un goût pour d?autres domaines (peinture, sculpture, architecture, ...). Ma mère m?a fait aimer les meubles anciens, la décoration et les antiquités. On a très souvent déposé des livres sur ma table de nuit, mais on ne m?a jamais forcé ou déprécié si je ne les lisais pas. J?ai aujourd?hui 40 ans, mes parents tous deux une bonne 60aine.

Premier commentaire : j?ai toujours fait figure de type bizarre auprès de mes camarades de classe ou autres. Le fait que je m?intéressais à la même chose que mes professeurs paraissait plutôt suspect.
Lorsque j?allais acheter des disques de jazz à "La boîte à musique" les clients, tous beaucoup plus âgés (je devais avoir 16 ans), ouvraient des yeux ahuris, puis finissaient par me conseiller spontanément leurs propres découvertes.
Alors que je lisais un fort recueil de Barbey d?Aurevilly (collection "Bouquins") à l?armée, un camarade m?a demandé si je lisais le bottin. Il m?a ensuite interrogé, incrédule pour bien s?assurer qu?il n?y avait aucune image dans mon livre. Ce cas est représentatif de toutes les personnes que j?ai rencontrées à l?armée, ormis 2 exceptions.

Ces expériences personnelles me portent à croire que les jeunes n?étaient vraisemblablement pas très cultivés déjà à mon époque. Cette supposée "mort de la culture" ne date donc pas d?hier.

Qu?en est-il des adultes ? Je ne suis aujourd?hui plus un jeune homme et j?ai toujours l?impression de détonner : j?ai récemment estomaqué bien involontairement un des mes voisins (la 60aine) en lui sifflant le passage d?un solo d?Hampton auquel il faisait allusion à brûle pourpoint et en lui disant que je savais qui était Pannassié (lorsque je lui ai proposé de lui prêter un CD d?Albert Ayler, je l?ai senti beaucoup moins chaud ...).

Tout ça pour en venir à cela (sans verser dans l?autosatisfaction) : même si beaucoup de gens bien intentionnés veulent penser que la culture est une chose populaire, je suis de plus en plus enclin à croire que les gens qui s?y intéressent représentent, hélas, une faible minorité. J?explique d?une part cela par le fait que cela demande (du moins au départ) un effort que tout le monde n?est pas prêt à fournir, et que les chances ne sont pas égales pour tous. Elles dépendent de l?environnement immédiat.

D?autre part nous sommes toujours dans une fausse image de "culture qui fait mal", bien conforme à nos racines judeo-chrétiennes. La culture doit être ardue et chiante : si ça fait mal, c?est que c?est bon pour moi. Le parallèle est aussi valable pour le travail : si tu as le sourire en travaillant et que tu sembles éprouver du plaisir, c?est que tu pourrais bosser 10 fois plus (travailleur souriant = glandeur).

Avec de pareilles représentations, on n?attire pas grand monde. Je crois que le secret est au contraire de rechercher le plaisir. Pour ma part, je n?ai jamais creusé les choses que je n?appréciais pas (j?ai lu juste assez de Yourcenar ou de Malcolm Lowry pour savoir que cela m?emmerde prodigieusement). Par contre, il m?a fallu de très nombreuses auditions du Ring pour venir à Wagner. Malheureusement, le plaisir ne vient pas tout de suite.

Second commentaire, positif, celui là : plus on baigne jeune dans ce type d?intérêts, moins ça demande d?efforts plus tard. Mon père m?a discrètement ouvert une foulitude de portes pour l?avenir. Après avoir écouté AC/DC et Pink Floyd -qu?il écoutait d?ailleurs parfois avec moi- je suis revenu vers 25-30 ans à énormément de choses qu?il m?avait simplement fait effleurer. Toutes ces portes étaient déjà entrouvertes grâce à lui et je n?ai eu qu?à les pousser légèrement pour les franchir. Tout espoir n?est donc pas perdu, bien au contraire ! Ces choses sont en germe, chez votre fils, et croyez-moi, elles referont surface un jour j?en suis persuadé.

Bien amicalement,
Fabien

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