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Classement de la voix et destination vocale En réponse au message : Avant d’attaquer les voix féminines lyriques, j’en termine avec les voix masculines lyriques. L’ambitus maxi de 2,5 octaves correspond à l’utilisation du seul registre de poitrine, que ce soit la pleine voix de poitrine ou la voix dite "mixte" placée dans le haut-médium. Je rappelle que la voix dite "mixte" chez l’homme, n’est qu’une variété de voix de poitrine émise couverte (sombre) en nuance mezzo-piano avec une résonance de voix de tête. Chez les femmes le son "Broadway" est aussi une voix de poitrine poussée vers l’aigu (belting). Comme évoqué dans l’article plus haut les pseudo-contraltos l’utilisent sur la totalité de leur tessiture à l’instar d’Edith PIAF. Tout au plus pourrait-on qualifier ces femmes de "haute-contre" (= ténor élevé). Des chanteuses lyriques l’utilisent aussi à la place de leur bas-médium en voix de tête, soit parce que l’écriture dépasse 2 octaves (honte au compositeur !), soit pour empiéter sur des rôles plus graves que leur voix naturelle le permettrait, soit par recherche de puissance, soit pour faire "dramatique" (cf la CALLAS qui a fusillé sa voix de cette façon). Vers le bas-médium et le grave, il ne faut pas confondre le registre de poitrine avec le pseudo-registre de friture vocale (strohbass). Ce dernier mécanisme, qui n’est produit qu’à partir des fausse-cordes, n’est audible harmonieusement que dans l’intimité. En nuance forte, cela donne une sonorité écrasée, voire écrabouillée,(à défaut de note) sorte de "bonne à tout faire" qu’affectionnent les baryton-basses en lieu et place d’un vrai fa grave ou d’un vrai mi grave. Quelques exemples : Baryton-basse : ambitus en "laboratoire" (avec un piano, vocalises en privé) : ré1-la1. Tessiture d’emploi recommandée : sol1-sol3, possibilité d’aller sans en abuser au sol#3 avec une excellente technique de couverture, possibilité dans les bons jours d’émettre en nuance mezzo-piano un fa#1 avec une qualité suffisante. On voit ici qu’un baryton-basse ne peut pas assurer les belles notes en bas-médium autant qu’une véritable basse. Cepandant cette voix intermédiaire bénéficie d’une très abondante littérature musicale dans tous les pays, notamment au théâtre. Il peut être traité avec une certaine souplesse comme le Don Giovanni de Mozart, ou bien beaucoup plus sombre et dramatique comme le Boris Godounov de Moussorgsky. Basse chantante grave (un ton au dessous du baryton-basse) : ambitus en labo : do1-sol3. Tessiture d’emploi pratique fa1-fa3. Cest à 100% la basse lyrique classique au théâtre. Baryton-basses, passez votre chemin : véritable fa grave exigé ! Souvenez-vous de la descente particulièrement casse-gueule de 2 octaves du fa3 au fa1 de Philippe II dans DON CARLO de Verdi. Exceptionnellement fa#3 dans l’aigu avec une excellente technique. Avec une bonne technique, elle peut aussi s’arroger le répertoire du baryton-basse sans trop de difficultées, l’inverse n’étant pas vrai... Basse centrale "grave" (une tierce mineure en dessous de la basse chantante grave) : ambitus en labo : la0-mi3 Tessiture d’emploi pratique : ré1-ré3, c’est la basse dite "profonde" telle que calibrée au théâtre. Les écritures se font plus rares, les chanteurs ayant une telle voix aussi, y compris en Russie, contrairement à une légende urbaine tenace... "Aussi difficile à trouver que des asperges à Noël", se plaignait amèrement le chef de choeurs de Rachmaninov ! Ré#3 sans en abuser pour chanter le Commandeur du DON GIOVANNI de Mozart. Ce ré#3 particulièrement difficile à émettre, prend un caractère extrêmement dramatique tellement il faut sombrer pour tenir le choc de l’aigu. Nombre de basses centrales auront de la difficulté à assumer un ré1 suffisamment sonore et qualitatif (l’acoustique du lieu est extrêmement importante), tandis que les basses réellement profondes seront aux abonnés absents pour émettre un ré#3 voire un ré3... A noter que les voix graves et très graves bénéficient d’une certaine ductilité, voire malléabilité et d’une certaine résilience. Une erreur d’un ton dans la correspondance voix/emploi, aura très peu d’effets négatifs sur l’instrument du chanteur. Traditionnellement la voix doit être traitée sur le mode sombre. Baryton central (un ton au dessus du baryton-basse) : ambitus au labo : mi1-si3. Tessiture d’emploi pratique : la1-la3, voire la#3 (excellente technique exigée). Voix extrêmement répandue au naturel dans tous les pays. C’est la tessiture notamment du baryton Verdi-type. Attention, Verdi a écrit aussi pour baryton aigu ! Le baryton Verdi a la voix plutôt sombre, alors qu’en France pour cette tessiture il est d’usage de produire des voix à la couleur un peu plus claire qui est censée affecter une certaine souplesse (bof !). Bary-ténor grave (un ton au dessus du baryton central) : au labo : fa#1-do#1. Tessiture d’emploi pratique recommandée : si1-si3. Si3 maxi absolument. Certains se croient Ténor car ils peuvent à grands renforts de technique et de sueur sortir un contre-ut. Il n’en est absolument rien ! Là, pour cette voix déjà un peu aigüe, le demi-ton peut être parfaitement assassin ! ACHTUNG MINEN ! Cette voix intermédiaire statistiquement assez courante n’a vraiment pas de pot : sauf exceptions, quasiment aucune écriture au théâtre ! Ses ressortissants seront classés Ténor (clé de sol) par certains profs et Baryton (clé de fa) par les autres. Les mêmes errant sans fin d’une clé à l’autre, pour finir avec une voix cassée. Solution : emplois de baryton aigus d’opérette et transposition au concert. Toutes les voix moyennes-aigües, aigües et très aigües ont une malléabilité et une résilience quasi-nulle. Pour les classer et les employer sur 2 octaves, une précision au quart de ton près est requise ! Sinon, technique ou pas, ce sera nodules + voix cassée. Certains barytons aigus, ainsi que certains bary-ténors graves et aigus, pourraient être qualifiés de baryton Martin, voix de baryton à la limite du ténor, plutôt traitée à la "française" sur le mode "clair", avec un timbre mordant voire éclatant et soi-disant "souple" (bof !). Ténor grave (un tierce majeure au dessus du baryton central) : au labo sol#1-re#4 Tessiture d’emploi traditionnelle : do1-do4, parfois vers le bas-médium si1... Cette tessiture encore assez fréquente, pourrait être qualifiée de "basse des ténors". Bizarrement, et sauf exceptions, la tessiture traditionnellement en vigueur chez les écritures pour la plupart des ténors s’est standardisée entre do1 et do4, alors que certains rares ténors montent en voix de poitrine sans aucune difficulté jusqu’au fa4, et qu’en revanche la qualité de leur do1 est quasi-inexistante en public. Ce ténor grave fournit le gros des troupes des effectifs de forts-ténors italiens à la couleur sombre de type dramatique. Une variété allemande, le Heldentenor wagnérien à la charnière entre le ténor grave et le bary-ténor aigu, pourtant au naturel assez répandu dans tous les pays, est assez rare à trouver chez les chanteurs professionnels car elle ne bénéficie pas d’une détection et d’une initiation comme en Italie. Bon, encore une pause, pour aborder l’Arlésienne...
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