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Les catégories de ténors et leurs enjeux.
En réponse au message :
Quelques commentaires à propos des choix du Quid.
Je crois me rappeler que la classification du Quid n’est pas mauvaise.
Oui, il y a des variantes sensibles de l’une à l’autre des classifications, c’est pourquoi j’ai cherché à partir moi-même des oeuvres et des rôles, plutôt que de synthétiser des classifications qui ne convenaient pas toujours.
Par exemple, ici, quelques remarques sur des détails d’usage :
le ténor héroïque est en effet une catégorie française largement inspirée de Wagner, c’est pourquoi on peut le classer comme une variante du ténor wagnérien, je suis d’accord.
Néanmoins, on ne dit jamais ténor wagnérien mais Heldentenor. Cela dit, ça peut se discuter, parce que le Heldentenor regroupe des rôles bien précis de Wagner. Certains commentateurs excluent même Lohengrin et Parsifal du champ du Heldentenor, qui se réduit alors à Tristan et Siegfried - ce qui n’a d’intérêt que pour les wagnériens fervents !
Pourquoi pas ténor wagnérien, donc.
Fort ténor, je n’y reviens pas, est plus la réalité de certains emplois qu’une voix précise. Ce serait un ténor dramatique français qui tenait les rôles les plus héroïques du répertoire à une époque donnée de l’histoire du chant (en gros, pour autant que je puisse en juger, 1900-1975, le dernier représentant de l’école étant vraisemblablement Guy Chauvet).
ténor de vaillance est sans doute un ancien équivalent français, qui n’est jamais utilisé. Inutile d’ajouter des catégories inusitées dans un ouvrage de vulgarisation comme le Quid. En outre, un équivalent potentiel, le tenore di forza italien (par exemple Mario del Monaco), se rattache au ténor dramatique - car il n’existe pas de rôles héroïques dans le répertoire italien.
Cette classification, en plus d’être superflue, peut prêter à confusion.
De même, ténor barytonnant, s’il désigne une réalité du timbre chez la plupart des interprètes de la catégorie, dont le médium grave est du pur baryton, a un côté péjoratif et n’est donc jamais employé, excepté pour décrire une réalité (plutôt) déplaisante chez un ténor qui n’est pas forcément liée à cette catégorie vocale précise.
Ténor de grand opéra, pour finir, me pose problème à double titre. D’une part, vu le type de voix, je ne vois absolument pas ce que l’expression est censée désigner. Ca ne veut absolument rien dire, de mon point de vue. (Un grand opéra, c’est un opéra avec beaucoup de messieurs dans la fosse qui font crier le monsieur sur la fosse ?) D’autre part, le risque de confusion avec le grand lyrico-dramatique à la française, qui chante dans le grand opéra à la française, est risqué. Le type de voix n’est pas du tout le même, puisqu’il s’agit d’une voix lyrique avec des possibilités dramatiques. La voix doit en être claire, agile, utiliser la voix mixte si nécessaire. C’est un compromis entre le ténor rossinien et Werther, si on veut (!). Le terme ne désignant rien, je ne vois pas l’intérêt de risquer la confusion. En tout cas personnellement, j’aurais compris "ténor qui chante du Grand Opéra à la française".
A présent sur l’étendue. Le terme tessiture est ambigu, bien qu’on l’emploie généralement dans ces ouvrages, car il peut désigner aussi bien la zone d’aisance du chanteur (c’est ainsi que je l’emploie) que l’ensemble des notes d’un rôle - se confondant ainsi avec l’étendue. Je préfère employer tessiture et étendue au sens strict, pour plus de clarté.
Le Quid nous dit Si1-La4. Je suis d’accord pour le Si1 ou même le Sib1, ces notes sont parfois requises chez le Heldentenor. Elles ne le sont cependant pas chez les ténors wagnériens au sens large, ni chez les ténors héroïques à ma connaissance, c’est pourquoi je m’en suis abstenu.
Mais là, on peut discuter à l’infini, parce que chaque rôle a sa propre étendue et qu’il faut nécessairement schématiser pour faire une catégorie.
Là où je suis moins d’accord, c’est pour le la4. Certes, Lohengrin plafonne au la4, mais pas Siegfried ni Tristan. Il faut aussi avoir le haut de la tessiture pour tenir correctement ces rôles, sans parler du répertoire français, comme Werther, appanage de toutes les catégories, du type wagnérien au demi-caractère.
Mais le but d’une catégorie n’est pas qu’elle soit parfaitement vraie : il faut s’en servir, et ça aide à mieux comprendre certains arcanes. L’établissement des tableaux n’a pas d’intérêt en lui-même.
Toutefois, en l’absence de proposition satisfaisante, j’ai élaboré la mienne... A voir à l’usage.
La classification la plus juste que je connaisse pour l’instant est celle-ci, par la spécialiste de l’odologie (étude scientifique de la voix chantée, spécialement d’opéra dans son cas) : http://www.lpl.univ-aix.fr/lpl/personnel/scotto/articles/voixhum.pdf.
Le problème est qu’elle n’est pas commentée. Et je m’en suis volontairement écarté, parce qu’elle me semble parfois un brin trop théorique.
Voilà voilà, je reste bien sûr à disposition pour de plus amples précisions.
David