J’ai eu la chance de pouvoir assister à la pré-générale de Rigoletto qui se donne à Bordeaux du 9 au 21 février. Disons-le de suite, il y a bien longtemps que je n’avais pas passé un aussi bon moment à l’opéra. Pas d’impair dans la distribution et une mise en scène pleine d’intelligence d’Eric Génovèse m’ont permis d’écouter un Rigoletto Magnifique, une Gilda d’une grande fraicheur, un Duc de Mantou tout à fait correct, sans oublier bien sûr les autres rôles comme Monterone ou encore Sparafucile (Eric Martin-Bonnet) , non c’était parfait !
Le spectacle s’annonçait pourtant sous de mauvais auspices, une horde de "scolaires" était là et on pouvait se demander si cette jeunesse agitée, plus familiarisée avec la Star académie et qui venait semble-t-il à l’opéra pour la première fois allait pouvoir tenir trois heures sans se laisser aller à chahuter dans les rangs. J’avais quelques craintes , il n’en fût rien, ce petit monde était attentif, capté par la musique et par l’action et j’espère que cette initiative aura permis à quelques uns d’avoir envie d’en savoir plus, de retourner à l’opéra ou de se risquer à en écouter de temps en temps. Petite agitation cependant lors de la pub "Barilla" car ce petit monde qui reconnaissait un air connu avait l’air d’être surpris qu’il y ait une pause pub dans un lieu tel que celui là ;-).
Revenons au rôle titre, Rigoletto, une belle grande voix, toute en largeur avec des pianissimis fantastiques et une aisance à remplir la salle qui donne tout son sens au terme "Art-Lyrique". Ce chanteur ( Alexandru Agache) a semble-t-il réussi à scotcher tout le monde. Gilda (Siurina Ekaterina ) exceptionnelle aussi, donnait la réplique et on avait le sentiment de vivre un grand bon moment d’opéra notamment lors des duos. Le ténor (Charles Castronovo) un peu en dessous des deux autres toutefois était aussi d’une bonne facture et n’a pas démérité et a su contribuer au bon équilibre de l’ouvrage . Les deux basses moins présentes de part leur rôle furent aussi exceptionnelles et d’une profondeur rare, seul petit bémol peut-être pour la mezzo que j’ai trouvé un peu "dure" dans la voix.
Il y a longtemps que je n’avais pas réécouté Rigoletto, le retrouver dans ces conditions, ce fût un vrai bonheur !.
Coté Choeur, grande qualité et belle présence, bravo Messieurs. Notons que seuls les hommes étaient sur scène, mais leurs collègues femmes étaient cependant nombreuses dans la salle, j’en ai reconnus quelques unes. Comme quoi faire ce métier est aussi un plaisir et une passion, car sinon on ne revient pas au boulot faire des heures supplémentaires non payées. Bravo mesdames !
Voilà un article qui me rend fier d’être de Bordeaux, attention cependant pour les futurs auditeurs, il y a deux distributions, et je me suis laissé dire que la deuxième était sans doute un petit peu en dessous...
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