J?ai eu plus de chance... j?étais au premier rang après avoir attendu depuis 18h l?échange des billets, en bloquant les portes et repoussant les petites vieilles qui étaient prêtes à me passer sur le corps pour avoir leurs places. J?ai donc profité pleinement du spectacle. Je pense que la qualité était au rendez-vous. En ce qui concerne le volume, ils ont une excuse car ils se retiennent souvent dans une répétition générale. De plus la Tosca n?était pas la titulaire. Il semblerait que la titulaire envoie plus ! Le dernier acte a été expédié. Le tempo était trop rapide. De ce fait les chanteurs n?ont pas pu s?exprimer. La Tosca n?a pas apprécié et faisait la tête lors du salut. Il semble que le chef soit très dur avec les chanteurs. Ma prof a assisté au répétition et les insultes fusaient !!
Ceci dit j?ai passé une bonne soirée, bien assis et pour une fois j?ai pu profiter de spectacle avec un angle de vue de 240°, ce qui est rare au Grand Théâtre.
On l?a connue dans un coin du petit écran, pionnière de la télé réalité, filmée en temps et en décors réels par Giuseppe Patroni Griffi ; sur les planches, à Paris, noyée dans l?océan de l?Opéra Bastille et mise en scène de manière contestable par Werner Schroeter ; puis reine des salles obscures, en haut de l?affiche, furieusement glamour face à la caméra de Benoît Jacquot...
Sous le marbre gris et les teintes bleues du Grand Théâtre de Bordeaux, Tosca enfile enfin une robe à sa taille...
La journée d?hier a été rude, levé à 5h00 du matin, aller et retour en avion pour Marignane, petit tour par Aix en Provence et retour pour assister le soir même à la générale de Tosca au grand Théâtre de Bordeaux.
La loi du tirage au sort des billets ne nous ayant pas vraiment été favorable, nous nous sommes retrouvés mon épouse et moi sur un balcon au troisième rang derrière deux poteaux. Impossible de bouger sur sa chaise ; l?impression d?être dans une enceinte acoustique capitonnée alors que le son se fait à l?extérieur, non vraiment les conditions n?étaient pas réunies pour apprécier pleinement ce Puccini qui n?est d?ailleurs pas d?une manière générale ma tasse de thé.
Le premier acte fut long et douloureux, impossible de bouger un pied, encaissé derrière mon poteau, ce qui se passait sur la scène n?arrivant pas à m?arracher à mon bougonnement intérieur, d?autant que les chanteurs pour la plupart tous jeunes et sveltes, de vrais professionnels n?arrivaient pas à porter le son au-delà du 2ème rang...
J?étais au troisième rang et mon esprit partait en divagations en se demandant où était ce temps où il y avait de vrais "couillus" sur scène, certes moins esthétiquement correct mais produisant leurs 110 120 décibels nécessaires à sonoriser une telle enceinte sans ampli ni micros pour les malheureux encaissés dans une alcôve d?un théâtre d?un autre âge.
Le deuxième acte avec l?action arrivant me fit douter sur mes préjugés, j?avançai la tête de temps à autre et effectivement cela semblait agréable et bien chanté, l?orchestre sonnait bien : j?admirai le travail de la harpiste et des instrumentistes. La haut, Scarpia correct mais sans grande ampleur se faisait trucider alors que Tosca commençait à faire passer de l?émotion, il était temps.
Au dernier acte, mon esprit ayant réussi à se remobiliser, la prestation me parut bien meilleure, le ténor que j?avais trouvé plat au premier acte retrouva grâce à mes yeux, tandis que Tosca finissait de me séduire. L?orchestre sonnait toujours aussi bien, enfin j?avais l?impression d?être à l?Opéra :-).
Ma femme était ravie de sa soirée, moi je restais mitigé me demandant si c?était moi qui devenait un vieux con ne sachant plus apprécier le beau, ou si c?était simplement les éléments extérieurs qui avaient eu raison de mon enthousiasme (peut-être les deux ;-) ).
Il y a des jours avec et des jours sans, de l?avis général il semble que c?était bien, en ce qui me concerne je me souviendrai plus de ce poteau qui m?a pourri la soirée que du nom des chanteurs.