Cela fait déjà un petit moment que je ne vous ai pas parlé de ma voix et de mes errances vocales...
Ténor est un état : ça se passe avant tout dans la tête. Il faut être convaincu de l’être, c’est en tous cas ce que dit mon professeur de chant, Christian Lara, auquel je rends hommage ici pour tous les progrès que j’ai réalisés dernièrement.
Cependant, être ténor c’est bien, mais il y a ténor et ténor (pour parodier un sketch sur les bons chasseurs et les mauvais chasseurs).
Le tout est de bien savoir où on se positionne. Il y a toute une classification chez les ténors, comme chez les chiens ou les chats et le délicat Persan chinchilla n’a pas grand chose à voir avec le matou de gouttière, même si au total , il font quand même Miaou tous les deux.
Persuadé d’être fort ténor, jusqu’à présent, je ne me suis pas aperçu que j’étais peut-être (ne riez pas) ténor léger.
Lorsque j’assène à mon auditoire "Amore ti vieta", "Pourquoi me réveiller", "Non piu angere Liu" je vois bien que je n’obtiens pas l’adhésion espérée. Par contre, quand je chante "l’Aubade du Roi d’Ys", les deux airs de "Pomme d’Api : "Mon oncle ne vous fâchez pas" ou "Ecoutez votre cœur", ou encore "Je regardais en l’air" dans les Cloches de Corneville, je sens bien que cela passe beaucoup mieux et que l’on m’écoute avec plus de plaisir.
J’en veux d’ailleurs pour preuve, que l’autre jour sur l’interprétation du premier air de "Pomme d’Api", l’ami Michel Ballan qui n’est pas du genre à vous dire blanc si c’est noir, m’a fait une remarque que je considère être un compliment dans sa bouche, en me disant que ce que je venais d’interpréter était agréable et que ça m’allait bien. Le bougre n’est pas flatteur et c’est une réflexion qui me conforte dans le sentiment que j’ai bien progressé.
Il faut quand même bien dire que je n’ai aucun problème avec les contre ut du ténor léger, mais que je me fais encore bien suer avec les si bémol du ténor lyrique qui ne tiennent que quelques secondes lorsqu’ils sont chantés à pleins poumons et finissent toujours par partir en vrille quand j’y mets la patate et que je m’éternise… Peut-être que ma voix n’est pas encore complètement placée ou que je suis fait pour chanter des choses plus légères.
La Dame blanche de Boieldieu que je suis en train de travailler en ce moment et qui est quand même un exercice de haute voltige dans l’aigu ne me fatigue absolument pas et j’y prends du plaisir.
La gymnastique des aigus moins appuyés là-haut me va mieux et je sens, qu’une fois que les vocalises de la fin seront domptées au niveau du texte et du rythme (l’air n’est pas facile musicalement) , il n’y aura plus aucun problème et ça devrait filer.
Tant qu’à être dans Boieldieu, j’ai aussi exhumé deux autres airs dans Jean de Paris "Allons, allons amis que tout notre équipage" ainsi que " Lorsque mon maitre est en voyage", deux airs qui sont assez tendus aussi et que je commence à bien sentir vocalement.
Pour en finir avec mes interrogations sur le type de ténor que je suis réellement maintenant et celles de mon catalogue d’air qui me vont bien, je peux ajouter , dans le Toréador d’adolphe Adam "l’air de Karitéa" et "Dans une symphonie" du fameux Tracolin . Là aussi du ténor light pur jus.
Alors est-ce la révélation de l’année ? Moi, ténor léger ? Peut-être qui sait ?
On ne devient peut-être pas forcément fort-ténor quand on vient d’un parcours de Baryton, baryton Basse, c’est peut-être là que je me suis trompé.
Une partie du chemin est défrichée : il me reste encore des pistes à explorer. En attendant, je vais approfondir cette branche du répertoire car ténor d’opérette, c’est sympa aussi, ça m’amuse et ça me va bien, le principal étant bien sûr de se faire plaisir.
Maintenant : attendons, écoutons observons ;-) .