Une mise en scène en forme de grand n?importe quoi
Hier soir, c?était la générale du bal masqué, opéra de Giuseppe Verdi qui
était donné au Grand Théâtre de Bordeaux.
Si d?un point de vue musical, la prestation fût honorable, on sentait bien que les chanteurs des premiers rôles ne donnaient pas le maximum. Ils devaient être fatigués sans doute par l?enchaînement des répétitions qui semble-t-il avaient été éprouvantes, surtout quand on sert une mise en scène aussi pitoyable.
Quelques beaux passages chez la soprano et le ténor qui ne m?empêchent pas de penser que certains de ces chanteurs s?économisaient pour la première. Du côté du baryton, je n?ai pas vraiment réussi à me faire une opinion ... n?était-ce que de l?économie pure ?!
La surprise est venue des seconds rôles ou rôles intermédiaires qui étaient très bien vocalement et qui donnaient un peu d?oxygène à cette
représentation.
Parmi eux la sorcière ULRICA Elena Manistina, superbe mezzo, Oscar , Daphné Touchais, belle voix aérienne de soprano malgré le numéro de clown qu?on lui fait interpréter ou les trois hommes qui nous ont donné à entendre du beau chant.
Le choeur était également très bien quand il chantait, bien moins, lorsqu?il gesticulait pour coller à cette mise en scène complètement farfelue.
La mise en scène, puisque que nous y voici, était du grand n?importe quoi et malgré le fait que je pense avoir l?esprit relativement ouvert, je
peux dire que c?était tout bonnement pitoyable.
Je ne sais pas si c?est le patronyme de Carlos Wagner qui l?a mené à la
mise en scène d?Opéra, mais il semble que l?Art Lyrique (et fort heureusement) ne se souviendra que du seul Richard.
Pour faire court, on voit des guerrilleros dans la jungle du côté de Cuba ou d?un pays issu de la révolution, des fusils et des pistolets au lieu
d?épées (pourquoi pas) , un bal masqué sans masque (c?est limite) , une héroïne voilée sans voile (c?est bon je fais abstraction, je suis
intelligent) , une mise en scène qui ne colle pas au texte ou qui nous
raconte une autre histoire et cerise sur le gâteau une exécution sommaire d?un prisonnier nu avec les coucougnettes à l?air ( allez c?est moderne) et que l?on nous ressert trois fois de suite, histoire de bien enfoncer le clou du mauvais goût. Je ne sais pas à quoi ça sert, mais je vois bien qui ça dessert.
Je me suis même dit : ils vont oser, pour faire plus cliché, nous mettre
Ingrid Bétancourt enchaînée dans un coin de la forêt... ça aurait été de très mauvais goût .... on n?en était pas loin !
Je vous passe le choeur qui se dandine avec des mouvements de rappeur sur la musique de Verdi qui, je crois, n?a pas besoin de ces gesticulations.
Des personnages en complet décalage avec ce qu?ils sont censés représenter dans l?histoire (ah bon il y a une histoire) et vous avez là un résumé rapide du truc né de la tronche vide d?un metteur en scène qui, même s?il est diplomé de la Guildhall School of Music and Drama de Londres, confond créativité et vulgarité, d?autres diront l?amour et la gymnastique... tant que ça bouge !
C?est dommage cette confusion des genres et c?est même préjudiciable qu?on puisse laisser à des gens issus de je ne sais pas où, le droit de dénaturer à ce point une oeuvre. C?est triste que personne dans l?institution ne s?interpose pour dire : assez !
Hier soir, j?étais invité et je suis bien élevé, mais en d?autres circonstances j?aurai pu huer le cirque auquel j?assistais, qui dessert la
musique et l?Art.
Respect tout de même pour ces Chanteurs, ces Musiciens qui gagnent leur croûte dans de telles conditions. Ca ne doit pas être facile quand on aime son boulot, quand on est compétent, de se plier aux dictats de tels
farfelus.
Si certains ont besoin de créativité, qu?ils aillent s?exprimer ailleurs : il y a encore plein de chose à créer.
Un Opéra, c?est avant tout de la musique, des chanteurs, une histoire et une époque. Autour, ce n?est que de l?accompagnement.
Hier soir, si on peut faire un rapprochement avec la cuisine, c?était Tournedos Rossini au programme mais amené dans un emballage en
carton de chez Mac Do... Désolé mais ça ne répond pas à mes critères.
Question mise en scène, j?aime bien avoir mon assiette, ma belle nappe, mon couteau et ma fourchette... si l?assiette est verte ou bleue, ça va aussi, si c?est sur une péniche ou à la bonne franquette ou sur un coin de table avec un coup de rouge, pourquoi pas mais si c?est debout ou au mac drive, avec un serveur à casquette ... ce n?est pas ma culture et je ne suis pas sûr que Verdi aurait apprécié non plus !