Bonjour à tous,
Fréquentant avec assiduité le site depuis quelques semaines et ayant lu la quasi-totalité des articles, je me devais de mettre ma pierre à l?édifice.
Aussi, je souhaiterai ouvrir un débat qui, je crois, n?a que peu affecté la musique classique dans son ensemble et l?opéra en particulier alors qu?en réalité notre passion commune en est tout autant affectée. Je veux parler de la gratuité des ?uvres sous tous supports : papier, numérique, analogique et même hertzien ; rendue possible par Internet. Je sais bien que ce site est avant tout dédié aux amateurs, mais je pense que nul ne peut être insensible à ce problème.
Internet, j?ai grandi avec, j?ai appris à m?en méfier, et j?y ai surtout pris ce que j?y voulais. Très vite, je me suis rendu compte des infinis possibilités de partage de fichier qu?on pouvait y pratiquer et, entretenu par un flou juridique rare, personne n?était là pour me dire que c?était mal.
Maintenant que le phénomène est planétaire, à grande échelle, on se préoccupe des conséquences de ce piratage massif sur le chiffre d?affaire des majors du disque qui invoquent piteusement l?argument du « pensez au pauvre petit chanteur qui veut vivre de son métier et qui n?est pas assez reconnu ». Mon ?il, si les millions investis en communication, marketing et pseudo sponsoring étaient réaffectés aux petits artistes, ils vivraient mieux, piratage inclus. Mais bon, là n?est pas le sujet, je ne m?y connais pas assez, et je risquerai de tomber dans des banalités de discussion de comptoir sur la politique de financement du milieu artistique.
En passant, pour les pratiquants involontaires du téléchargement « sans le faire exprès », la « riposte graduée » telle qu?elle apparaît dans les textes, verra tout individu condamné sans avertissement après avoir téléchargé un certain nombre de fichiers illégaux et rendu accessible un certain nombre d?autre, alors attention !
Revenons à nos moutons. L?opéra n?échappe pas au téléchargement illégal.
Sur la toile on peut trouver de tout gratuitement : partitions, opéra filmé, copie de DVD des enregistrements du MET, opéras audio.
Si je comprends parfaitement qu?on puisse être condamné pour téléchargement d??uvre existant sur le marché et ceci de façon illégal (en gros on est légal qu?en on paie), je ne suis pas d?accord quand on vous condamne lorsque l?offre n?existe pas sur le marché.
Je m?explique, admettons que je trouve sur un site (fréquenté que par des ânes ou des mulets, je ne sais plus), une version filmée de Don Carlo (avec Domingo en prime) de 1978, ou un enregistrement de la Tosca à l?opéra de Nice (y?a un opéra à Nice ?) avec Caballé et Carreras des années 80. L?enregistrement n?existe pas à ma connaissance sur le marché (peut être à l?INA ou dans les archives de FR3 région PACA).
Alors dans ces cas là, et je crois que la législation (ou plutôt les projets de législations) est un peu plus floue, qui a-t-il d?illégal ou même d?immoral (si l?on en croit les spots anti-piratage) à se les procurer gratuitement ?
Sur le marché on ne trouve gère que les versions sommes toutes convenues des enregistrements DVD au MET, toujours propres, grande distribution, belles voix. Mais aucun élan des spectateurs, aucun imprévu (je cherche un enregistrement de la Bohème au festival d?Avignon 2004 avec Alagna et Gheorghiu avec des rafales de vents et un jeu d?acteur poignant, des spectateurs surexcités et peu disciplinés). Si on aime l?authentique, on fait comment ?
Cela dit, je ne cracherai pas sur ces enregistrements DVD au MET, c?est moins cher que les DG, les EMI ou autres Decca, avec la vidéo en prime et à qualité sonore équivalente.
Même chose pour les enregistrements sonores.
Je pense donc qu?Internet est une formidable chance pour l?opéra. Cela lui permet une diffusion très abordable (un ordi plus une connexion réseau ça coûte toujours moins qu?un abonnement à l?opéra pendant 3 / 4 ans ; heureusement que je suis étudiant de moins de 25, sinon j?irai pas souvent) et surtout promeut la diversité des ?uvres, des interprétations. Sans doute qu?en cherchant bien on pourrait même trouver des enregistrements amateur de qualité.
De même que si j?ai loupé un Boris Godounov mis en scène façon Art Déco un samedi soir sur ARTE à 1h30 du matin, je serais heureux de trouver un courageux qui l?a enregistré à ma place sur le net.
Mais je rappelle la distinction primordiale qu?il faut opérer entre offre disponible et offre non disponible sur le marché. Et ne me faites pas dire ce que je n?ai pas dit, pour l?offre disponible, il faut payer, ça fait mal, mais c?est une industrie à part entière avec une dynamique qu?il ne faut pas casser si on ne veut pas retourner à un régime de troubadour en loque et autre troupe infortuné sillonnant le monde de concerts en concerts (quoique ça ne me dérangerait pas trop mais je ne suis ni artiste, ni musicien).
Enfin voilà, juste histoire de savoir ce que vous en pensez de tout ça.
En conclusion, bravo pour le lien sur les partitions gratuites des grands opéras sur votre site. A 12 euros (le prix d?une bd) les 8 pages recto verso d?Ave Maria (Caccini, Gounod/Bach et Schubert) si c?est pas du vol !