6 janvier 2007 18:43 , par Dominique (de La Réunion)
Je trouve passionnant ce genre d’article, mais trouverais également intéressant que l’on échange sur les différentes manières de négocier ces passages du point de vue de la technique pure.
Je trouve incroyable qu’il y ait tant de divergences entre les profs de chant : certains nient carrément l’existence de ces passages, d’autres prônent un passage en douceur avec couverture et aspiration du son ou encore la bouche à l’horizontale, etc...
Je suis loin d’être experte en la matière, j’ai longtemps eu une voix naturelle (de soprano "lyrique")qui me permettait de faire tout ce que je voulais et l’aspect technique est venu bien plus tard.
( Par exemple : Quand on me disait aperto jusqu’au la (4 ?) et coperto à partir du mib (4 ?), je comprenais bien qu’il s’agissait du deuxième passage mais de là à sentir la note précise du "basculement", c’était loin d’être évident.)
C’est vous dire à quel point j’admire la facilité avec laquelle vous parlez de tous ces aspects techniques.
Merci pour cette première réponse. C’est vraiment sympa de partager !
Après vérification c’est bien mib4 puisque je monte jusqu’au mib5 (j’ai déjà atteint exceptionnellement le mi5 et le fa5 mais après bien des échauffements : ma tessiture "normale" va jusqu’au mib5)
je prends des cours de chant depuis un an et j’ai des gros problèmes dans le passage entre ma voix mixte et ma voix de tête. Une fois cela dépassé autement dit la voix de tête trouvée, je monte une octave plus haut.
Je chante depuis environ 5 ans mais sans technique il faut donc que je défasse mes habitudes mais c’est difficile. Je n’arrive pas à changer de voix sans forcer. Ma prof de chant pense qu’il s’agit simplement d’un stress et que le travail devant le mirroir pourrais m’aider et qu’il fallait que je nie le passage...Avez vous déjà été confronté à cela ? J’ai une voix très ronde mais peu agile, relativement puissante pensez vous que je sois ou que je devienne soprano dramatique ?Comment faire pour alleger ma voix autrement dit faciliter le passage ?
Peut être devriez vous prendre l’avis d’un autre prof de chant.
On ne devient pas soprano dramatique ou soprano léger ou autre chose. On a naturellement un timbre et des notes de passage qui définissent votre catégorie.
D’autre part je ne pense pas qu’il fasse nier une difficulté quelle quelle soit mais au contraire travailler sa technique pour la passer aisément, et là le rôle du prof de chant est crucial.
Je peux vous indiquer un ou deux profs de chant dont l’avis pourrait vous aider. Contactez moi par email si vous voulez que je vous donne les coordonnées de ces personnes.
profs de chant 25 mars 2007 18:58 , par sopranodramatique
Je veux bien connaitre le nom des profs de chant que vous connaissez mais je vous contacterez par mail si vous me donnez votre adresse merci. Vous êtes de quelle région ?
autre chose 25 mars 2007 19:07 , par sopranodramatique
dans mon premier message quand je disais que ma prof de chant me conseillait de nier le passage je voulais dire qu’elle me conseillait de passer dessus sans y penser. Mais peut être que pour y arriver il faut que j’y pense (sans me focaliser dessus, évidement) pour integrer le mouvement ?qu’en pensez vous ?
1)Pour m’envoyer un email il vous suffit de cliquer sur mon nom (en vert) et vous accédez immédiatement à mon email sinon le voici :
huguesmichel@free.fr.
2)Tout le monde est confronté à ces notes de passage qui sont plus délicates à émettre. Peut être votre prof voulait dire de ne pas vous en faire un monde quand vous les voyez arriver, ce qui est un bon conseil car il est vrai que ça peut justement vous empêcher de penser au geste technique juste pour emettre cette note plus délicate.
Ceci dit je ne crois pas que faire comme si cette difficulté n’existe pas ou ne pas y penser soit une bonne solution car elle existe vraiment. Donc quand vous voyez arriver cette note de passage ne paniquez pas, pensez uniquement à faire le bon geste technique que vous indique votre prof de chant qui va chercher avec vous et vous donner les pistes pour contourner cette difficulté. Ne vous focalisez pas sur la réussite immédiate votre note. Vous n’y arriverez pas de suite mais vous parviendrez à trouver le bon geste vocal et ensuite cette note ne vous posera plus de problème car vous saurez quoi faire pour placer le son au bon endroit.
Stresser est la pire des choses pour chanter et surtout pour passer le passage. C’est même tout simplement impossible.
Il faut que tout le corps soit complètement détendu et particulièrement : le cou, la langue, la machoire et tout le ventre. Sans çà ... point de salut. L’ouverture de la machoire compte énormément.
Quand à soprano dramatique ou autre ... tant que ta voix est pas bien placé (ce qui est le cas si tu ne sait pas négocier les passages), impossible à dire.
Et si tu engorges ta voix va te paraitre plus ronde et large qu’elle ne l’est en réalité ... donc ... au boulot :)
Jai lu dans la présentation que cet article date de .....1907.Depuis le professeur HUSSON est passé par là et a étudié scientifiquement la question .Voir son livre magistral "la voix chantée" qui fait la lumière sur tous ces mécanismes vocaux il explique qu ’ a l’approche des "notes de passage" le muscle corde vocale a de plus en plus de mal a répondre aux ordres du nerf qui apporte les salves d’influx du cerveau.Le chanteur doit alors effectuer "la couverture des sons" ce qui consiste à tirer les cordes vocales vers le haut et l’arrière du palais pour les faire vibrer plus facilement ( je simplifie).Le chanteur doit commencer par bien placer son émission, c’est a dire rire un bon coup et noter la place de sa voix a cet instant et chanter pareil.Quand en montant une gamme la voix commence a serrer ,, le chanteur commence à tirer sur le fond des cordes vocales comme pour envoyer le son vers la nuque,il peut monter jusqu’aux limites aigues de la voix.( mais cette limite est fixée a la naissance.) Il me semble q’aucun professeur n’a jamais lu ce livre.Il est exact que le chanteur naturellement doué ne sent pas le passage mais il le fait comme tout le monde, sinon il prend de grands risques
bonjour je suis t�nor dramatique
et je n’ai jamais compris le passage donc je chante Andrea Ch�nier ,Massenet : H�rodiade ET QUE DES AIRS qui ne reste pas sur la zone de passage ou je suis oblig� de pousser. Les explications que tu donnes sur le passage mon beaucoup aid�
pourrais tu m’en dire plus ?????
humblement d’un tenor qui n’a plus envi de hurler la ou il devrais se reposer.
merci d’avance
amicalement JHALOVE
Bonjour !
Je suis d�butant en chant(fin cycle1 d�but cycle2, j’ai 20 ans) en conservatoire d’arrondissement et suis t�nor lyrique. ma zone de passage est situ�e au fa b�carre... je suis donc plut�t t�nor 2, et n’ai pas de grandes facilit�es dans les aigu�s. mais la technique m’apprendra t elle a les avoir ? pour l’instant je touche le si b�carre en vocalise, mais en r�pertoire, mes notes a partir du la(3) sonnent mal (mais �a ne fait que deux semaines que j’ai d�couvert l’existence de la tourne). suis je condamn� a ne pouvoir chanter que des airs sans aigus ? ou puis je envisag� un jour avoir des aigus et tenter un conservatoire national ?
Bonjour , ma note de passage premier registre est au niveau la bémol 3 / la 3 : á quoi est-ce que cela correspond ?
J´ai cherché sur le Net, je ne trouve pas .
L’article générateur peut être interprêté avec beaucoup d’ambigüité. Je n’en fais pas une analyse détaillée, juste quelques observations.
J’avais déjà souligné dans ma contribution à la rubrique de la classification des voix que classer une voix sur la seule foi de l’identification de tel ou tel passage était un miroir aux alouettes.
D’abord il y a tout plein de passages entre les registres (mécanismes de poitrine, de tête, de 1° et 2° sifflet) de la voix. Du grave vers l’aigu en retardant aux maximum la bascule en registre supérieur : note maximum. De l’aigu au grave en inhibant au maximum la bascule vers le registre inférieur : note minimum du registre supérieur = note maximum du registre inférieur - 1,5 octave !
Les notes maxi et mini, ainsi que toute note choisie pour basculer d’un registre à un autre, ne sont pas à proprement parler des notes de passage, mais bien des notes de coupure.
Ainsi, tout chanteur à la voix un tant soit peu cultivée peut choisir comme note de changement de registre toute note comprise dans un intervalle de 1 octave + 1 quinte pour passer d’un registre conjoint à l’autre, à la montée comme à la descente !
Puis à l’intérieur d’un seul registre il y a un passage lorsqu’il y a bascule brusque du larynx permettant au chanteur d’aborder la quinte aigüe de ce registre. C’est le fameux passage dit du "mi3" chez les hommes qui ne correspond à aucune tessiture réelle sauf bien-sûr à celle du baryténor grave (= mi4 en voix de tête soit, mezzo-soprano aigu chez la femme) et uniquement celle-là. La bascule se fait sur une note plus grave pour les voix plus graves et vice-versa pour les voix plus aigües.
Là encore, un chanteur qui a du métier va anticiper instinctivement d’environ 1 ton son passage "naturel" pour éviter le forçage. La couleur de la voix va devenir plus sombre, qui pourra évoluer vers un caractère dramatique. Ce geste technique c’est la couverture de la voix = B A BA de tout chanteur lyrique.
En revanche beaucoup de débutants pour briller et/ou parce qu’ils n’ont pas de technique solide, notamment des barytons aigus et des baryténors qui veulent marcher sur les plates-bandes des ténors, ou se croient tels, vont retarder cette bascule du larynx et se casser la voix s’ils en abusent. La jeunesse et la souplesse de la voix ne pardonneront qu’une seule fois. Cela s’appelle ouvrir son passage = suicide vocal.
Là encore pour les voix qui n’ont pas encore acquis de schéma la note de passage peut aussi être fantaisiste...
Pour Vocalia :
Je suppose que ton lab3 / la3 est la3 note extrême poussée en voix de poitrine (belting chez la femme) et non une simple bascule à l’intérieur du registre de poitrine (à vérifier). Oui, cela correspond bien au dignostic que j’avais fait : mezzo-contralto aigu. Le la3 note maxi en registre de poitrine correspond pile-poil au la4 note maxi en registre de tête (+ 1 octave).
Il n’y a rien sur internet de vraiment précis (les seules mathématiques pratiquées par les profs de chant sont le solfège...). En revanche rendez-vous sur les commentaires faits sur la rubrique classification des voix par ton serviteur. Là je donne l’ambitus des voix pour 1 seul et même registre ainsi que la tessiture d’emploi pratique.
Par ex, mezzo-contralto aigu, ambitus ré2 - la4 en registre de tête. La note de passage (bascule du larynx pour accéder vers la quinte aigüe) sera de 1 sixte (pour anticiper) en dessous du la4, soit do4. Tessiture d’emploi pratique préconisée sol2 - sol4. Même chose pour le baryton-basse, 1 octave en dessous en voix de poitrine.
Pour des voix moyennes-graves, il n’y a pas besoin d’une grande précision de qualification étant donné leur relative malléabilité et leur relative résilience.
En revanche les voix moyennes-aigües et aigües devront être qualifiées avec une grande précision : au demi-ton voire au quart de ton près et donc ne pas chanter n’importe quelle écriture... Tant pis s’ils dérogent : z’auront étés prévenus...
Bonsoir, oui pour le la 3 ou si bémol 3 , c´est la note la plus haute que je peux faire en voix de poitrine .
Par contre, le matin mais seulement le matin, je descend parfois au la 1 en inexploitable bien sûr, en infra-grave mais je ne sais pas pourquoi ma voix est plus grave le matin et ce, sans que je la travaille . Sinon, si on ne tient pas compte de cette fantaisie matinale, je descend toujours au minimum au ré 2 , voire au do 2 en poitrine .
Eh oui, c´est autour du la 4 ou au grand maximum si bémol 4 que s´arrête ma tessiture exploitable.
Par contre, je n´ai pas compris cette histoire de bascule.
En résumé , ca donne donc bien une tessiture totale de
ré2-la4 , admettons ré dieze 2-sol 4 pour les jours oú je ne suis pas tres en forme.
Je me demande si , en travaillant ma voix, je pourrais chanter Mon coeur s´ouvre á ta voix : est-ce que ce n´est pas un chouia trop aigu pour moi ?
Car s´il y a bien la couleur dramatique, il me semble que ca demande quand même un aigu solide et bien timbré.
Idem pour Carmen et Ulrica, quoiqu´Ulrica me semble plus abyssal .
D´ailleurs, ce sont le plus souvent des mezzos graves, voire centraux qui chantent ces rôles que des mezzo-contraltos .
La voix du matin avec des facilités pour la descente = c’est normal, l’appareil vocal est reposé, les cordes ne sont pas crispées, ça sonne bien en voix de poitrine...
A titre d’exemple, ma note la plus basse en registre de poitrine (sans basculer en Strohbass = fausses cordes) c’est le contre-fa/fa# grave, soit fa0/fa#0 1 octave en dessous de la portée en clef de fa. En cours de journée c’est plutôt sol/sol#0. Mais ce n’est qu’à partir du do1 que je commence à projeter et la plage ré1-ré3 est ma tessiture d’emploi pratique. Bascule de mon larynx vers fa2 pour aborder la quinte aigüe de mon registre de poitrine. A ré#3 ça sort encore, en zone plus que rouge = plutôt de la lave en fusion en nuance forte, 1 ou 2 fois dans un air sans en abuser, sinon = couic !. A mi3 = le processus d’auto-destruction est déjà amorcé.
Mais pour que mon ré grave s’entende correctement il faut une acoustique étudiée = théâtre de verdure s’abstenir : cf courbes de sensibilité d’oreille de FLETCHER & Co, puis ROBINSON & Co (norme ISO 226). L’épaisseur-couleur-timbre-mordant et le cas échéant stridence de la voix permet de surajouter à la fondamentale et permet de rendre les notes graves audibles...
Maintenant, chercher à travailler tes notes de poitrine ne me semble pas un bon plan. C’est le registre de tête qu’il faut travailler à partir de ton médium, vers le haut médium = "patate chaude" à partir de ton do4, pas plus tard pour aborder ta quinte aigüe = bascule du larynx (mais inutile de s’auto-analyser en se tenant le larynx !). Donc jusqu’au sol4 en note tenue forte, la4 en vocalises en passant uniquement...
Et puis aussi travail de tes notes vers le bas-médium toujours en registre de tête = on avance légèrement les lèvres en forme de O = tubage = verre de lampe, pour avoir le retour du son dans tes oreilles. En résistant à la tentation de poitriner tu peux aller jusqu’à ré2. Disons qu’en public ton objectif en voix de tête c’est sol2. Soit tessiture pratique d’emploi sol2-sol4...
Les 2 gestes techniques vers le haut-médium et le bas-médium sont similaires et participent de l’unité du registre.
La maturation des voix moyennes-graves, graves et très graves va d’assez lente à très lente : pour un bas-médium du registre audible et pour un haut-médium solide et endurant...
Carmen : selon la nomenclature allemande qui est la référence internationale dans les théâtres, c’est pour "mezzo-soprano lyrique" sol2-si4. Je ne sais pas si l’écriture va jusqu’à si4... Bon an, mal an, cela correspondrait plutôt au "baryton Verdi" chez les hommes (la1-la3).
Mezzo, cela veut dire pas du tout pour les sopranos. Mais il est bien tentant d’arrondir son répertoire et ceux-ci poitrinent à qui mieux-mieux, souvent avec vulgarité et avec un aigu trop facile "par dessus-la jambe".
Lyrique = une certaine ampleur de la voix, un aigu pas trop gentillet...
A tenter si il n’y a pas de notes au dessus de sol/sol#4. Et si ,le niveau général n’est pas trop haut pour toi...
Pour Dalila : c’est dévolu à un "mezzo-soprano dramatique" toujours sol2-si4. Là aussi, il n’est pas certain que le rôle monte jusqu’au si4... Si cela ne montait pas si haut, cela correspondrait au "baryton-basse" chez les hommes.
Dramatique : la voix est plus épaisse, plus lourde, plus ombre pour tenir le choc de l’aigu. Un chouia plus grave en réalité d’un demi-ton à un ton que ce que la nomenclature le laisse entendre. Cela veut dire aussi que la voix doit être plus mature...
J’adore les grandes descentes qui déferlent comme des vagues de l’air "Mon coeur s’ouvre à ta voix". Je pense qu’à terme cela pourrait mieux te convenir que Carmen.
Ulrica : c’est "alto dramatique" pour la nomenclature avec fa2-fa4. Cela correspond à la basse chantante grave chez les hommes.
C’est déjà chez les femmes une vraie "voix de basse" = bas-médium suffisamment sonore, haut-médium sombre à très sombre. Beaucoup sont tentées par le poitrinage sur le tiers inférieur de l’écriture. ACHTUNG MINEN ! A mon avis à réserver sur 1 à 2 notes les plus graves de l’écriture. Il y faut une très grande maturité.
A tenter à titre d’étude... A terme... ?
Il y a encore plus grave dans la nomenclature : les contraltos qui sont l’équivalent des "basses profondes" chez les hommes... A éviter certainement pour toi.
la chanteuse Marian ANDERSON me semble une bonne direction de travail : son poitrinage assez discret...
Merci pour ces précieux conseils .
Vous aviez " vu" juste : si je descend ainsi que vous le dites en " verre de lampe" , je peux aller au ré 2 .
Le do 2 , j´ai beau essayer, je n´y arrive pas : le son sort mais je sens qu´il ne fait plus partie de ce que je peux exploiter , donc viser le ré 2 me semble beaucoup plus sage.
Carmen, il me semble mais je n´en suis pas sûre du tout,
que la derniere note de Pres des remparts de Séville est un si 4 .
Dalila, je ne sais pas mais il me semble aussi que ca monte au dessus du sol 4 . Si possible, je vérifierai .
Qu´est-ce que vous appelez des airs á éviter pour moi ?
Pourriez vous me citer un exemple d´air écrit pour voix de contralto " basse profonde "
Ulrica, c´est effectivement plus grave que Carmen et pourtant, Shirley Verrett l´a chanté sans démériter .
Puis je voudrais savoir : Maurreen Forrester, est-elle oui ou non une vraie contralto ?
Bonsoir, autre petite question : est-il possible de passer de
mezzo-contralto á contralto ( aussi bien en tessiture
qu´en timbre) avec un travail technique ?
Je suis frustrée d´avoir une voix trop commune et j´aimerais avoir une voix dite rare pour pouvoir continuer á chanter.
Merci d´avance si vous pouvez me répondre .
Je répondrai à la précédente quand j’aurai du temps...
Pour celle-ci, allons-y...
Mon point de vue est que l’on ne peut pas changer de tessiture : pas possible d’avoir une voix plus grave ou plus aigüe que celle que nous donne Dame Nature.
Le poitrinage, le tabac et les alcools forts ne rendent pas la voix plus grave, mais seulement plus rauque, avec en prime un oedème de Reinke à la clef = couic-couic pour la voix... Avis aux amateurs(trices). Et ce n’est pas parce que la tessiture est tronquée vers l’aigu que la voix en est plus grave.
Il y a 30 ans, j’ai connu un baryton-basse de caractère enjoué, généreux et sympathique qui, à force de tabac et de bière s’essayait à parler de façon appuyée vers le grave. Bof-bof : à la même hauteur, ma jeune voix était déjà naturellement plus puissante plus sombre et plus ronde sans effort particulier... En revanche, j’ai personnellement pu constater que la bière à petite dose était bénéfique.
A la même époque, j’ai connu aussi une pseudo-alto qui poitrinait sur la totalité de la tessiture. Une personnalité hautement narcissique qui déclarait à qui voulait l’entendre, que la cigarette faisait merveille sur sa voix. Pas sur ses cordes : Reinke s’est vengé. Pas sur ses poumons... Regrettable...
A l’inverse les diverses essences mentholées ou à l’eucalyptus du style pastille Valda, si elles font illusion pendant quelques mesures, ne rendront pas la voix plus aigüe. Irritations des cordes à la clef...
En revanche, travailler à partir du médium de son registre (de tête pour les femmes) pour conquérir le haut-médium et l’aigu ainsi que le bas-médium et le grave (toujours en voix de tête pour les femmes).
Ce qu’il faut rechercher c’est la qualité de l’assise du bas-médium vers le haut-médium pour projeter ta voix à toi (pas la voix de ta copine, ou d’une autre chanteuse) avec une couleur plutôt sombre vers le grave, mais aussi vers l’aigu. Rechercher une unicité de couleur sur la totalité du registre.
L’assise évite d’avoir une voix trop perchée, incolore inodore et sans saveur, clairette et sans puissance à la mode française du 20° siècle (on gagne en pseudo-souplesse vers l’aigu sans toutefois pouvoir réellement monter plus haut : la tessiture est tronquée vers le grave).
Il y a des barytons-basses qui arrivent à donner de façon intéressante l’illusion d’une voix de basse au sens plein du terme car la qualité de leur assise et de la couleur émise peut sonner assez sombre. Bon, ils ne faut pas qu’ils s’aventurent à émettre des notes en dessous du sol grave : les fa, mi et ré graves les rendront riducules assurément.
A l’inverse, j’ai malheureusement entendu d’authentiques basses chantantes à qui l’on a dit qu’elles étaient des barytons et qui végètent de façon fluette jusqu’au fa3 sans exploiter la totalité de leur tessiture. Vraiment sans aucun intérêt...
Travailler la qualité de l’assise et de la couleur.
Je vais mettre mon bonnet de nuit... Et m’abandonner ZZZZZZ
Merci pour votre réponse, je pense bien que l´on ne peut changer la voix de départ de même que, par exemple, l´on ne peut pas changer son ossature ou la couleur de ses yeux mais,
sans aller parler jusqu´á avoir une octave de plus
dans le grave ( ce serait d´ailleurs impossible pour moi),
n´y-a-t-il pas un moyen de rendre ce grave plus " costaud",
plus de qualité ?
La note la plus basse que j´ai dans mon étendue est un la 1
le matin, un si 1 dans la journée . Restons sur le si 1 :
est-ce qu´il n´y a pas un moyen pour qu´il sorte mieux ?
Je pense bien que l´on ne peut pas changer completement la voix mais en toute logique , il doit être beaucoup plus facile de passer de mezzo-contralto á contralto que
de soprano á contralto . Apres tout, il y a foule d´exemples de personnes ( célebres et non célebres d´ailleurs) qui ont chanté toute leur vie dans un registre qui n´était pas le leur .
Maria Callas, par exemple, dont je pense qu´elle avait á la base une voix de mezzo-soprano ( plus de graves qu´une soprano pure mais également un aigue étendue) a pourtant fait l´essentiel de sa carriere dans le registre du soprano.
Elle a même chanté des rôles de soprano plus aigu réclamant des notes au-dessus du cohtre-ré . Donc, ce n´est pas humainement impossible .
Sinon, qu´est-ce qui, á l´oreille, permet de vraiment distinguer une contralto d´une mezzo-contralto ?
Parce que moi, je n´entends pas la différence .
Par exemple, les femmes qui descendent tres bas avec un timbre " ténorisant" ( je pense, par exemple, á Ewa Podles), est-ce que ce sont des vraies contraltos ?
Elle-même ( Podles) ou , en tout cas, les médias la disent
contralto assoluto , donc est-ce le timbre viril qui fait que l´on est contralto ?
Oui, le drame de la CALLAS, c’est que sa voix était intermédiaire entre le soprano et le mezzo-soprano. Mezzo-soprano aigu type Rosina un peu trop grave, et soprano grave type spinto ou wagnérien un peu trop aigu.
Chanter un air un demi-ton trop haut ou trop bas, comme ça, ça va... Mais y bâtir une carrière, c’est très risqué.
C’était une voix construite à force de travail (trop de travail !), avec comme orientation soprano spinto, mais en poitrinant dans le grave pour faire dramatique. Les décalages horaires, une vie amoureuse mouvementée, les régimes yo-yo, le poitrinage dans le bas-médium ont eu raison de sa voix. Mais je soutiens que son péché originel (ce catholicisme me semble bien approprié) c’était sa catégorie vocale naturelle où il n’y avait quasiment rien d’écrit pour elle.
Concernant le qualificatif d’assoluto dans la bouche ou sous la plume d’admirateurs, j’ai appris à m’en méfier.
Par exemple, que veut-on dire par ténor "absolu" ? Qu’il monte les plus hautes notes en voix de poitrine ? Qu’il peut aborder la totalité du répertoire pour ténor avec un égal bonheur ? [là j’ai plus qu’un doute...]
Pour Ewa PODLES, elle s’est accaparé bon nombre de rôles graves féminins, grâce à sa voix sombre et grâce (ou malgré, c’est selon !) à sa maîtrise du passage entre les registres. Mais force est de constater que chez WAGNER, ça poitrine sans vergogne dans le bas-médium. Pourtant chez lui, les écritures sont intermédiaires entre le mezzo-contralto et le contralto. Un contralto qui donne dans le viriloïde ?????
En revanche il y a eu et il y a de vrais contraltos.
Katheleen FERRIER, ça c’était du solide, sans recherche d’effets dans le bas-médium : une voix de tête sur toute la tessiture pratique d’emploi, un haut-médium et un aigu difficile à conquérir. L’équivalent d’une basse profonde.
Marie-Nicole LEMIEUX, peut-être plus voix intermédiaire entre le contralto et le mezzo-contralto. Quand elle veut, elle est capable de ne pas poitriner dans le bas-médium. L’équivalent d’une basse chantante grave. Malheureusement je l’ai entendu céder aux sirènes du poitrinage pour donner plus de puissance sur quelques notes de bas-médium.
Bonjour, il y a longtemps que je n´étais pas venue .
J´ai pris un peu de temps pour écouter Marie-Nicole Lemieux et apres l´avoir entendu , je ne dirais certainement pas qu´elle
est mezzo-contralto ou contralto . Je dirais mezzo central , voire mezzo aigu . Son timbre de voix évoque de tres pres
Bartoli et elle a abordé des airs, des rôles ( Isabella
de Rossini , par exemple) qui sont nettement écrits pour une voix de mezzo qui demande solidité dans le médium et l´aigu.
Personnellement, je n´arrive pas á tenir dans sa tessiture.
Mais apres, c´est vrai qu´elle semble avoir une tres bonne technique pour ne pas forcer le poitrinage mais cela n´en fait pas pour autant une alto .
A l´inverse, on trouve de vraies contraltos ( pour moi, une vraie contralto devrait être capable de chanter sans peine dans un registre de ténor aigu ) qui , même sans le vouloir, ont un registre bas poitriné .
Kathleen Ferrier, oui, un vrai contralto qui reste en voix de tête mais de toute facon, il est rare qu´un air comprennent les notes extrêmes de l´étendue d´une voix.
Le passage est le changement brusque d’épaisseur de cordes, et par conséquent de tension.
Quand nous nous sommes efforcés, en montant, de garder la même épaisseur de cordes, la même dimension des cavités, la même épaisseur des parois, avec une tension musculaire de plus en plus grande, un moment arrive où nous ne pouvons plus soutenir l’effort, depuis longtemps d’ailleurs illégitime ; et subitement, ou presque subitement, nous diminuons l’épaisseur de cordes et de parois, nous détendons nos muscles, nous donnons moins de souffle et nous retrouvons la même note, mais à beaucoup moins de frais et plus facilement.
Quand on examine la glotte au moment du passage, on voit les cordes tendues et grossies, épaissies et convexes d’abord, devenir subitement plus minces, s’allonger légèrement, c’est-à-dire - se détendre, en même temps que la fente glottique redevient rectiligne.
Dans la voix de poitrine, là où l’épaisseur des cordes reste légitime, la fente glottique est rectiligne.
C’est quand on force que les cordes bombent et deviennent convexes et prennent contact en certains points.
Dans le registre mince, les cordes sont assez minces ; elles aussi, vont ne plus bomber, la tension semble les étirer, le larynx se relâche. C’est cette minceur des cordes, produite par l’abstention de la majeure partie des fibres du muscle de la corde, qui a fait supposer que la muqueuse seule vibrait.
La voix humaine peut pousser ainsi, — très abusivement, — le gros registre de poitrine jusqu’à fa3, sol3, la3 , pour les basses, les ténors et les voix de femmes, aux organes plus minces, peuvent élever ce passage jusqu’à Fa3 à si3, do4.
Puis il se fait une cassure, une faille de la voix ; et c’est la forme supérieure du registre épais avec une sonorité dite de voix mixte, qui va, elle aussi, avoir un passage, une faille aux environs du fa3, où commence la voix de tête.
Mais ces limites sont artificielles ; elles ne répondent pas à des bornes naturelles ; elles répondent aux limites supérieures d’efforts absurdes.
Quand un chanteur passe en voix de tête, c’est qu’il ne peut plus prendre la voix de poitrine. Cette faille est une faillite. Il semble s’adresser à une voix étrangère pour obtenir la note que sa voix lui refuse.
Au lieu d’obtenir l’amincissement progressif et régulier de la voix, du grave à l’aigu, on réalise trois voix superposées, trois registres, qui donnent à la voix une apparence d’incoordination, d’ataxie, dans laquelle le chanteur passe subitement, de façon saccadée, d’une attitude vocale à une autre, au lieu de garder la variation souple et régulière de ces attitudes et le rythme et la plastique du geste vocal.
Comment développer la tessiture ?
Chaque note de la voix est le résultat d’un effort musculaire produit dans une attitude vocale propre à cette note. Il y a pour chaque son une attitude meilleure que toutes les autres.
Il est donc antiphysiologique d’habituer les élèves à donner toute la tessiture dans la même attitude.
Cet article est tiré de l’ouvrage du Docteur Pierre Bonnier Laryngologiste consultant de la comédie française et de l’Opéra comique : La voix professionnelle.
Cet ouvrage correspond aux cours dispensés au Théatre Réjane en 1907 et 1908.